"Miroir"

Geste chorégraphique à partir de l'oeuvre de Céleste Accard, 2024

de Catherine Baÿ

“Qu’est-ce que peut un corps ?" Spinoza

À travers ce geste chorégraphique, j'ai souhaité rendre palpable notre rapport au pouvoir, en intégrant un miroir à l'œuvre de Céleste Accard. Cette addition crée une nouvelle dynamique où les corps, reflétés dans le miroir, deviennent acteurs de leur propre partition. En se contemplant, le public engage une interaction politique implicite, transformant l'espace initial en une scène de pouvoir et de réflexion.

Au-delà de nos croyances, que deviennent nos corps face à ce symbole d'autorité et de compétitivité, certes ridiculisé par l'artiste, mais néanmoins présent ? En tant qu'artiste chorégraphe, il me semble que nous en savons en réalité très peu. Nous avons une idée, certes, mais les questions posées par les corps relèvent d'une logique tout autre. Leur vocabulaire est d'autant plus riche qu'il n'est pas soumis au diktat des mots et de la parole. L'approche même de ce podium, rendue visible par le miroir, nous renvoie à un langage bien plus complexe que celui de la dualité. C'est dans cette chorégraphie, où ce mouvement produit par l'approche du podium, que se joue le politique. À quelques jours du deuxième tour des élections législatives, il est vital de s'en souvenir.

___________________________

Catherine Baÿ

Catherine Baÿ est une chorégraphe et metteur en scène, inscrite dans la mouvance contemporaine. Observatrice minutieuse de la société, elle manipule dans ses œuvres des codes sociaux en les extrayant de leur contexte. Ses mises en scène ont souvent pour thème principal le pouvoir, dans toutes ses déclinaisons, que ce soit au sein de l’institution familiale, sociétales ou culturelle. Ses pièces ont révolutionné les frontières classiques de l’espace scénique redéfinissant ainsi les relations entre le public et les acteurs/danseurs. Catherine Baÿ a fait ses classes à l’Ecole internationale de théâtre de Jacques Lecoq, l’école Philippe Gaulier et l’école Antoine Vitez. Parallèlement à ses études, elle effectue un cursus d’ethnologie. Ces disciplines associées à la chorégraphie seront les trois matières qui vont constituer le tronc commun de son art .A partir de 1994, La Ménagerie de verre est le lieu privilégié de chacune de ses représentations .

Cependant son œuvre majeure demeure « Blanche neige ». Initiée en 2002, , Catherine Baÿ revisite ce personnage féerique. Paris, Berlin, New-York , Moscou , Tokyo, La Havane, etc… Cette œuvre prolifère à travers le monde. Des 100 ene de Blanche-neige envahissent : musée, espace public, théâtre, etc... Catherine Baÿ réalise plusieurs films et installations : Paris-Berlin, centre Georges Pompidou, etc ..

Parallèlement à ce projet Catherine Baÿ crée « the Window » un espace de recherche en milieu urbain).Cet espace fonctionne sous forme de résidences qui accueille de nombreux chercheurs plasticiens et performers venu du monde entier. On à pu y découvrir le travail de l’artiste japonais MINEKI MURATA.

Depuis 2012 elle donne régulièrement des stages pour les performeurs : un travail sur la présence, l’engagement corporel et le rapport au public . Elle développe également un système de participation présent dans le travail des Blanche neige qui inclut le temps de l’ écoute et ou le « ma » est l’ un des éléments moteur .

À travers the Window elle est régulièrement invité à donner des formations pour des écoles d’architecture autour de l’apprentissage du regard et de l’ écriture de l’espace à travers la notion de partition. Les élèves plongés dans le territoire de the Window apprennent à observer et analyser les corps dans l’ espace public.