"K.V. Switzer Boston 1967"

Séries de dessins, 13 dessins (papier 14,8 x 21 cm, encres indélébiles noires et rouges), 2024

de Sandrine Follère

La série de dessins "K.V. Switzer Boston 1967" par Sandrine Follère constitue une exploration puissante et introspective des thématiques du sexisme et de l'inégalité dans le sport. À travers une suite de dessins réalisés à l'encre noire et rouge sur papier, l'artiste revisite un moment clé de l'histoire sportive : la participation de Kathrine Switzer au Marathon de Boston, le 19 avril 1967. Cette série capte la tension et la résilience de Switzer face à un environnement dominé par les préjugés et les interdits, en retraçant les kilomètres et les moments critiques de sa course historique.

Les dessins, marqués par des lignes rouges vives et des chiffres significatifs (dossard 261), incarnent à la fois le mouvement et l'oppression. La couleur noire évoque les obstacles physiques et psychologiques que Switzer a dû surmonter, tandis que les lignes rouges représentent la force et la détermination de son parcours. Chaque chiffre, chaque marque sur le papier, résonne comme une métrique du défi qu'elle a relevé contre les diktats de son époque. La citation de Jock Semple, « Get the hell out of my race and give me those numbers! », est omniprésente, rappelant la violence symbolique et réelle de l'exclusion subie par les femmes dans le sport.

L’œuvre de Follère se déploie ainsi comme une cartographie de la lutte pour l’égalité, où les distances parcourues par Switzer deviennent des symboles de résistance et de conquête. Les dessins offrent une réflexion profonde sur la manière dont les structures patriarcales ont tenté de contrôler et de limiter la participation des femmes dans des espaces réservés aux hommes, et comment ces mêmes femmes ont résisté et transformé ces espaces.

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Sandrine Follère

Sandrine Follère, artiste plasticienne vivant et travaillant à Toulouse depuis 2005, inscrit son travail dans une exploration profonde de la psyché humaine et de la mémoire collective. Sa réflexion plastique interroge l'individu dans sa dimension psychique inconsciente, en plaçant le corps au centre de ses recherches. À travers ses œuvres, Follère explore les géographies intimes, les mémoires et les limites du corps, en se focalisant particulièrement sur la lignée des femmes et la transmission de la mémoire matricielle.

Son travail actuel ouvre un espace symbolique où le sujet se situe dans une culture personnelle, familiale et intergénérationnelle. Les lignes figuratives de son art représentent des directions organiques, créant des espaces géométriques qui redéfinissent le corps dans une représentation symbolique. Affiliée à la Maison des Artistes et membre de la Fondation Taylor et du Laboratoire des arts de la performance (L.A.P.), Follère enseigne les arts plastiques dans son atelier ainsi qu'à L’ISAE-SUPAERO dans le cadre de la formation Arts & Cultures.

Avec "K.V. Switzer Boston 1967", Sandrine Follère propose une œuvre profondément engagée, où chaque trait et chaque chiffre deviennent les témoins d'une lutte incessante pour l'égalité des genres dans le sport. Ce travail artistique, à la fois introspectif et universel, invite le spectateur à revisiter l'histoire sous l'angle du courage et de la persévérance féminine, tout en questionnant les structures de pouvoir et les stéréotypes qui subsistent.